"Les éléments" John Boyne - éd JC Lattès

Quatre éléments, l'Eau, la Terre, le Feu, l'Air, pour lier entre elles les histoires de quatre personnes brisées par les abus sexuelles.

Au travers des destins enchevêtrés de Vanessa, Evan, Freya et Aaron, l'abus est disséqué sous toutes ses formes et par tous les prismes. Ceux qui commettent, ceux qui taisent, souffrent, permettent, soignent.

Un roman bouleversant composé de quatre grandes parties qui passent toutes les émotions au scalpel, honte, espoir, humiliation, plaisir, angoisse dans un style infiniment sobre et précis qui parvient à tenir en haleine tout au long des six cent pages qu'on voudrait lire d'une traite.

 

 

 

"Le monde est fatigué" Joseph Incardona - éd Finitude

Êve est une sirène professionnelle qui nage dans les plus grands aquariums du monde. Mais personne n’imagine la femme brisée, fracassée, que cache sa queue en silicone. Quelqu’un lui a fait du mal, tellement de mal, et il faudra un jour rééquilibrer les comptes.

En attendant, de Genève à Tokyo, de Brisbane à Dubaï, elle sillonne la planète, icône glamour et artificielle d’un monde fatigué par le trop-plein des désirs.

À travers un destin singulier, Joseph Incardona revisite le mythe de la sirène et nous donne à voir une humanité en passe de perdre son âme.

 

  

"E. E." Olga Tokarczuk - éd Noir sur Blanc

Le nouveau et court roman de l’écrivaine polonaise Olga Tokarczuk (Prix Nobel de Littréature en 2018) E. E., initiales de la protagoniste et jeune médium Erna Elzner, se situe dans la lignée du précédent roman de l'autrice "Le banquet des Empouses"  qui se voulait une parodie de "La montagne magique"  de Thomas Mann.  On retrouve dans "E. E." l’idée-force qui traverse toute la fiction de Tokarczuk : soumettre les domaines spirituels ou intellectuels dominés par les hommes au regard des femmes ; de même y figure le brouillage des frontières entre le monde des esprits et celui des vivants, entre l’occulte et le rationnel, sans que l’autrice donne jamais l’impression de se prononcer pour l’un ou pour l’autre. Sourire en coin, elle peint une société bourgeoise au kitsch assumé du début du XXème siècle, dans la ville silésienne de Breslau, alors allemande, actuellement Wroclaw, en Pologne. Olga Tokarczuk a le souci de faire redécouvrir et revivre la diversité ethnique d’une Pologne qui n’a pas toujours été peuplée que de Polonais. Dans E. E., la plupart des personnages sont allemands ou juifs, et les relations intimes et sociales qu’ils entretiennent sont décrites dans un style qui rappelle un réalisme subtil et désillusionné. Tout prête à sourire dans ce roman qui tourne à la farce et renvoie ce cercle d'adultes prétentieux à leurs postures ridicules. 

"La collision" Paul Gasnier - éd Gallimard

En 2012, en plein centre-ville de Lyon, une femme décède brutalement, percutée par un jeune garçon en moto cross qui fait du rodéo urbain à 80km/h. Dix ans plus tard, son fils, qui n'a cessé d'être hanté par le drame, est devenu journaliste. Il observe la façon dont ce genre de catastrophe est utilisé quotidiennement pour fracturer la société et dresser une partie de l'opinion contre l'autre. Il décide de se replonger dans la complexité de cet accident, et de se lancer sur les traces du motard pour comprendre d'où il vient, quel a été son parcours et comment un tel événement a été rendu possible. En décortiquant ce drame familial, Paul Gasnier révèle deux destins qui s'écrivent en parallèle, dans la même ville, et qui s'ignorent jusqu'au jour où ils entrent violemment en collision. C'est aussi l'histoire de deux familles qui racontent chacune l'évolution du pays. Un récit en forme d'enquête littéraire qui explore la force de nos convictions quand le réel les met à mal, et les manquements collectifs qui créent l'irrémédiable.

"Le livre de Kells" Sorj Chalandon - éd Grasset

Quand Sorj Chalandon fuit la maison familiale, il a 17 ans. Il va renaître sous le nom de Kells.

Kells voyage en Inde, se retrouve à la rue à Paris dans les années 70, connaît la faim, la mendicité. Gamin perdu sauvé par le militantisme politique, la découverte du cinéma et l'Université de Vincennes.

Un roman d'apprentissage qui raconte une époque et une traversée des ténèbres d'une puissance rare.

   

"Simone Emonet" Catherine Millet - éd Flammarion

C'est en ouvrant une boîte d'archives photographiques et en scrutant, au fil des années, le visage et le corps de sa mère que Catherine Millet tente de saisir celle qui restera à jamais une énigme.

Un récit précis, tout en retenue, et tendu vers celle qui ne cesse de se dérober.

Un livre d'amour et de réconciliation.

 

 

 

 

 

 

 

"La maison vide" Laurent Mauvignier - éd de Minuit

En 1976, le père de l'auteur a rouvert la maison qu’il avait reçue de sa mère, restée fermée pendant vingt ans. À l’intérieur : un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion d’honneur, des albums de photographies sur lesquelles un visage a été découpé aux ciseaux.

Une maison peuplée de récits, où se croisent deux guerres mondiales, la vie rurale de la première moitié du vingtième siècle, mais aussi Marguerite, sa grand-mère, sa mère Marie-Ernestine, la mère de celle-ci, et tous les hommes qui ont gravité autour d’elles.

Toutes et tous ont marqué la maison et ont été progressivement effacés. L'auteur a tenté de les ramener à la lumière pour comprendre ce qui a pu être leur histoire, et son ombre portée sur la nôtre. 

Un immense récit. Un trés grand livre.

"Peau d'Ourse" Grégory Le Floch - éd Seuil

Transposant dans une langue actuelle, poétique et crue, une légende de femme sauvage, Grégory Le Floch nous conte la folle échappée d’une jeune héroïne queer à la croisée de tous les combats écologiques et humanistes de notre époque. 

Une adolescente, corpulente, lesbienne, victime de harcèlement, que ses parents et ses camarades de lycée  surnomment Mont Perdu a des rêves qui ne sont pas ceux de son village des Pyrénées, encore aux prises avec des traditions archaïques. L'adolescente trouve refuge auprès des montagnes, les seules qui lui parlent et la comprennent. Et peu à peu, Mont Perdu va se métamorphoser en ourse.

"Les bons voisins" Nina Allan - éd Tristram

Ce premier roman noir de Nina Allan - fascine autant par son intrigue et sa subtilité psychologique, que par l'atmosphère ambiguë qui imprègne cette île écossaise. Il s'agit d'une enquête sur le passé, sur ce qui échappe à notre compréhension, sur notre mémoire défaillante et notre propension à déformer les événements pour essayer de tenir nos traumatismes à distance. Jadis, une tragédie a eu lieu dans la maison de la famille Craigie, sur l'île de Bute. Après le triple assassinat de Susan, l'épouse, de l'adolescente Shirley et du petit Sonny, la police et les habitants de l'île avaient rapidement suspecté le père de famille, l'ombrageux John Craigie.
Shirley était la meilleure amie de Catherine. Devenue photographe, Cath s'intéresse aux "maisons du crime". Vingt ans après les faits, elle revient sur l'île pour photographier cette demeure qu'elle a si bien connue. En arrivant sur Westland Road, elle découvre que la maison Craigie est désormais occupée par une jeune femme, Alice Rahman, une analyste financière qui a voulu fuir son métier, son couple et l'anxiété qu'elle ressentait à Londres. L'étrangeté de la situation rapproche Cath et Alice, et les amène à réexaminer le "familicide" commis par Craigie - une affaire dans laquelle subsistent beaucoup trop de zones d'ombre...

"Nancy Saïgon" Adrien Genoudet - éd Seuil

Quelque part en Lorraine un jour de 2020, pour faire de la place dans le caveau familial, Simone est incinérée. On redécouvre alors l’habit traditionnel indochinois qu’elle portait dans son cercueil. Une tunique de couleur bleue dont on ne savait qu’une chose : le mari de Simone, Paul, la lui avait envoyée au début de la guerre d’Indochine, avant de disparaître.
Le narrateur hérite de ce vêtement en même temps que d’un carton portant la mention « Nancy-Saïgon » et contenant la correspondance de Paul et Simone. Reclus dans son studio, il parcourt ces lettres. Au fil des pages, un homme apparaît – un certain Tilleul. Un homme dont le rôle se révèle complexe, voire trouble. Et qui semble faire le lien entre des désirs et des crimes.
Dans ce roman au style éblouissant, le face-à-face entre deux êtres, égarés ensemble au bout du monde, évolue au gré des langueurs et des férocités de la guerre. À travers le passé colonial de l’Indochine, c’est ainsi l’histoire d’une famille qui se trouve bouleversée.

"Tressaillir" Maria Pourchet - éd Stock

 Une femme est partie. Elle a quitté la maison, défait sa vie. Elle pensait découvrir une liberté toute neuve mais elle éprouve l’élémentaire supplice de l’arrachement. Analyse subtile de la manière dont la rupture déforme le corps et l'âme. Observation fine du temps et des moeurs, souvent drôle, malgré la panique qui s'est emparée de cette femme et qui réveille des peurs archaïques. Ce texte est aussi celui du retour aux origines sociales et géographiques qui occasionnèrent également en leur temps des ruptures souhaitées mais qui avaient conduit à faire silence sur des événements traumatisants. Comme dans un conte parfois terrifiant, la narratrice redevient l'animal apeuré de son enfance.

 

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