"La petite menteuse" Pascale Robert-Diard - éd l'Iconoclaste

Lisa, une jeune femme, débarque dans le bureau d’Alice Keridreux, avocate. Elle lui demande de l’accompagner pour un second procès car elle ne veut pas repartir avec le même défenseur. Marco, son agresseur, accusé de viol, a pris dix ans mais il a fait appel. Alice accepte de suivre cette affaire. Pour elle, ce sera facile vu ce que Lisa a subi. Cette dernière était mineure au moment des faits, elle est maintenant, quatre ans plus tard, majeure. Est-ce que ça va changer quelque chose ? Elle croyait que tout cela était derrière elle et il faut repartir au tribunal … Finalement, rien ne se passe comme prévu et ce procès hors normes sera bouleversant.
De l'extérieur, tout semble pourtant simple. Mais ça ne l'est pas du tout car Alice a "peur" des conséquences de certaines révélations. Lisa a mûri, grandi et son approche n’est plus la même. Ses souvenirs ont-ils évolué ? A-t-elle mal interprété, mal perçu certains événements ? Et ceux qui « savaient », qui croyaient, qui pensaient…. Auront-ils la même version ? « Ah ! Les merveilleux témoins ! Même quand ils ne savent rien, ils trouvent quelque chose à dire. »  Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire au journal Le Monde.

"Zizi Cabane" Bérengère Cournut - éd Le Tripode

Après "De pierre et d'os", Bérengère Cournut revient avec un nouveau roman. Avec une fantaisie qui n'appartient qu'à elle, l'autrice nous conte le destin d'une mère qui s'évapore de la maison et laisse un trio pas banal d'enfants livrés à eux-mêmes. Des contrées de l'enfance jusqu'à la découverte du grand Nord, c'est un nouveau voyage qui commence.... Odile a disparu, laissant derrière elle son mari Ferment et leurs trois enfants. Privés de la présence maternelle, Béguin, Chiffon et la jeune Zizi Cabane doivent trouver un nouvel équilibre. Mais rien ne se passe comme prévu dans la maison. Une source apparaît dans le sous-sol, et veut absolument rejoindre le ruisseau du jardin. Un drôle de vent rôde. Et tandis que tante Jeanne essaie de ramener un peu de raison là dedans, Marcel Tremble, faux grand-père surgi de nulle part, accompagne avec tendresse la folie de ces êtres abandonnés. Que vont devenir les chagrins ? Sur quelles pentes vont-ils désormais rouler ? Après le voyage arctique de" De pierre et d'os", Bérengère Cournut réussit une nouvelle fois l'invraisemblable : mêler la poésie à la prose pour dire en souriant la douleur, associer le quotidien aux rêves pour réinventer avec force un chemin de vie.

"On était des loups" Sandrine Collette - éd JC Lattès

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié. Dans la lignée de "Et toujours les Forêts", Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d’une nature aussi écrasante qu’indifférente à l’humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l’instinct paternel et le prix d’une possible renaissance.

"Les gens de Bilbao naissent où ils veulent" Maria Larrea ' - éd Grasset

L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostitué de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L’enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l’aimera.Le garçon, c’est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice. Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l’enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et sœurs, l’équipe de foot du malheur, Julian fuyant l’orphelinat pour s’embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France. La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d’immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s’extirpe de ses origines. Jusqu’à ce que le sort l’y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu’elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C’est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l’enquête de la narratrice.  

"Attaquer la terre et le soleil" Mathieu Belezi - éd Le Tripode

Un roman magistral, qui incarne la folie et l'enfer de la colonisation de l'Algérie au 19e siècle. "Attaquer la terre et le soleil" narre le destin d'une poignée de colons et de soldats pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne, au dix-neuvième siècle. Et en un bref roman, c'est toute l'expérience d'un écrivain qui subitement se cristallise et bouleverse, une voix hantée par Faulkner qui se donne. Depuis plus de vingt ans, Mathieu Belezi construit une œuvre romanesque d'une cohérence étonnante, à la phrase ciselée. La musicalité qui frappe dès les premières lignes d' Attaquer la terre et le soleil fait écho à Le Petit Roi, son premier roman publié en 1998 aux éditions Phébus. Quant à son thème, il renvoie évidemment à sa grande trilogie algérienne, publiée successivement aux éditions Albin Michel ( C'était notre terre, 2008) et Flammarion ( Les vieux Fous, 2011 ; Un faux pas dans la vie d'Emma Picard, 2015). Est-ce la constance de ce parcours qui explique la fulgurance de ce nouveau roman ? Écrit en quelques mois, Attaquer la terre et le soleil dit en tout cas avec une beauté tragique, à travers les voix d'une femme et d'un soldat, la folie, l'enfer, que fut cette colonisation.

"Vers la violence" Blandine Rinkel - éd Fayard

«  Il ne m’avait pas légué la douceur, la confiance ni la foi. Pourtant  j’héritais de lui les trois choses auxquelles je tenais le plus au monde. J’héritais de lui l’absence, la joie et la violence.  »
Plus grand que la vie, Gérard illumine les jours de sa fille, Lou. Fort et fantaisiste, ce baby-boomer aux allures d’ogre ensorcèle tout : les algues deviennent des messages venus des dieux, les tempêtes des épreuves militaires, ses absences des missions pour les Services Secrets. Mais que fait cette arme dans la table de nuit  ? Qui sont ces fantômes d’une famille disparue, surgissant parfois au détour d'une  conversation, dans un silence suspendu  ? D’où viennent, surtout, ces accès de cruauté — ceux-là même qui exercent sur sa fille fascination et terreur  ? A travers l’histoire d’une enfance trouble, dans ces paysages de l’ouest français où la mer et la forêt se confondent, 
Vers la violence rappelle comment nos héritages nous façonnent, entre chance et malédiction.

"La dépendance" Rachel Cusk - éd Gallimard

M, romancière entre deux âges, s'est isolée du monde en s'installant avec son second mari au bord d'une côte océanique spectaculaire. Sur sa propriété baignée d'une lumière splendide et entourée de marais, le couple possède une dépendance soigneusement reconvertie en résidence d'artistes. M n'a qu'un rêve : y accueillir un jour L, un peintre à la renommée mondiale, qu'elle admire.Quand il finit par accepter son invitation, M jubile. Cependant, elle déchante vite car L n'arrive pas seul - une ravissante jeune femme est à son bras. Entre-temps, la fille de M et son compagnon ont également débarqué. Les trois couples doivent alors cohabiter dans ce cadre certes enchanteur, mais qui va devenir le théâtre de multiples tensions.D'une plume ciselée, Rachel Cusk crée un huis clos piquant et fascinant que l'on découvre en se plongeant dans le flot de pensées de M, une Mrs Dalloway des temps modernes. Entre désirs étouffés, orgueil artistique et illusions déçues, La dépendance décortique avec beaucoup de malice le large éventail des rapports humains et la légitimité de la vocation artistique.

"L'homme qui danse" Victor Jestin - éd Flammarion

La Plage est le nom de la boîte de nuit d'une petite ville en bord de Loire. C'est là qu'Arthur, dès l'adolescence et pendant plus de vingt ans, se rend avec frénésie. Dans ce lieu hors du temps, loin des relations sociales ordinaires, il parvient curieusement à se sentir proche des autres, quand partout ailleurs sa vie n'est que malaise et balbutiements. Sur la piste de danse, il grandit au gré des rencontres - amours fugaces, amitiés violentes, modèles masculins écrasants. Au fil des ans, il se cherche une place dans la foule, une façon d'exister. Jusqu'où le mènera cette plongée dans la nuit ? De son écriture précise, Victor Jestin nous conduit au plus près de l'intimité d'un homme qui lutte avec sa solitude, dans l'espoir obsédant d'aimer.

"Consolée" Beata Umubyeyi Mairesse - éd Autrement

Comment construire sa vie, écrire une narration quand les liens avec les siens ont été rompus et que l'histoire a été effacée ? Celle de Consolée débute en 1954 dans un petit village au Rwanda. De père belge et de mère rwandaise, elle passe les premières années de sa vie auprès de cette dernière, jusqu'à ce que les autorités coloniales décident de placer les enfants métis dans des institutions. Ces enfants seront éduqués à l'occidental et rejoindront quelques années plus tard le continent européen, rompant à tout jamais avec leur pays natal, leur famille et leur histoire. Ce récit cruel en rappelle d'autres qui émergent maintenant grâce au travail minutieux des historiens, des descendants et des écrivains. Quand le personnage de Consolée apparaît dans le roman, cela fait très longtemps qu'il porte un tout autre prénom, Astrida. Une jeune fille adoptée par une famille bruxelloise, sans passé, sans langue maternelle, sans souvenirs et qui devra construire sa vie avec cette nouvelle identité. Astrida n'est plus une jeune fille quand débute ce récit, la langue dans laquelle elle s'exprime désormais n'est plus celle de son pays d'adoption, elle l'a oubliée. Ce qui rejaillit en elle, justement, c'est ce passé enfoui dans les ruines de sa mémoire et qu'une autre femme va aller quérir, s'interrogeant elle même sur ce qui la constitue. Un roman ambitieux, extrêmement émouvant et lucide sur les conséquences du déracinement et de l'absence de transmission. Ces questions s'invitent également dans le récit à propos des Françaises et Français de seconde et troisième générations.

"GPS" Lucie Rico - éd POL

Ariane est une jeune femme en difficulté sociale et personnelle. Elle préfère rester cloîtrée chez elle, jusqu’au jour où Sandrine, sa meilleure amie, l’invite à ses fiançailles. Pour l’aider à se repérer et lui permettre d’arriver à bon port, Sandrine partage sa localisation avec elle sur son téléphone. Guidée par le point rouge qui représente Sandrine dans l’espace du GPS, Ariane se rend donc aux fiançailles. Mais le lendemain, Sandrine a disparu. Elle ne répond plus au téléphone. Aucune trace d’elle. Sauf ce point GPS, qui continue d’avancer. Et qu’Ariane ne va plus quitter des yeux. Le GPS lui procure un sentiment de proximité avec Sandrine. Comme si elles partageaient un secret. Jusqu’à la découverte d’un cadavre calciné au bord d’un lac où le point GPS de Sandrine s’est rendu. S’agit-il de son cadavre ? Mais le point bouge encore.  Écrit comme un thriller, ce roman, sur l’amitié et la mort, sur les fragilités sociales et psychiques, traverse les illusions du deuil à l’aune de nos addictions numériques.

"Quand tu écouteras cette chanson" Lola Lafon - éd Stock

«  Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment.
Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ?
Celle d’une jeune fille, qui n’aura pour tout voyage qu’un escalier à monter et à descendre, moins d’une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l’imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J’imaginais la nuit propice à accueillir l’absence d’Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s’est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l’Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver.  » L. L. 

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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