« L’appel des odeurs » Ryoko Sekiguchi - éd POL

Pour Ryoko Sekiguchi, les odeurs ont la capacité de devenir des personnages, capables de provoquer un drame, délivrer un message, révéler des sentiments et raconter notre passé ou notre avenir. L’Appel des odeurs est un roman composé de plusieurs récits, un peu à la façon des Mille et Une Nuits. La narratrice tient un « carnet d’odeurs », au travers d’histoires ou de contes oniriques. On ignore si ces récits ont été inventés par la narratrice, ou si elle les a « vécus » . Récits ancrés dans des lieux différents et des époques variées : Grenade en Espagne, Spoleto en Italie, dans un opéra à Ferrare au XVIIIe siècle, au Palais-Royal à Paris sur trois siècles consécutifs, en Corse dans l’entre-deux-guerres, au Japon, à Taipei, dans une imprimerie de Téhéran au XIXe siècle, à New York et Los Angeles… Chaque odeur a un corps et un langage, une présence susceptible de bouleverser notre rapport au temps et à l’espace. Puanteurs, miasmes, ou parfums si délicats qu’il faut « prêter le nez » pour les remarquer. La narratrice découvre aussi l’expérience douloureuse de la perte de l’odorat, un exil du monde dont souffrent les personnes atteintes d’anosmie.

Ryoko Sekiguchi a souvent écrit sur les cinq sens : l’audition dans « La Voix sombre », le goût dans plusieurs ouvrages, comme « Nagori » ou « 961 heures à Beyrouth » (et 321 plats qui les accompagnent).Avec ce nouveau livre, elle fait de l’odeur une héroïne de roman. Si « l’odorat, constate Ryoko Sekiguchi, n’a que peu de place en Occident dans les productions de l’esprit, et rares sont les œuvres, littéraires ou philosophiques, qui y sont consacrées », l’odeur est pourtant l’extension de la présence, elle précède et poursuit une apparition. Elle nous offre surtout une lecture plus riche et romanesque du monde.

"Fantastique histoire d'amour" Sophie Divry - éd Seuil

 Avec sensibilité, Sophie Divry allie l’art du récit et une exploration de nos sociétés contemporaines. Bastien, inspecteur du travail à Lyon, est amené à enquêter sur un accident : un ouvrier employé dans une usine de traitement des déchets est mort broyé dans une compacteuse. Maïa, journaliste scientifique, se rend au Cern, le prestigieux centre de recherche nucléaire à Genève, pour écrire un article sur le cristal scintillateur, un nouveau matériau dont les propriétés déconcertent ses inventeurs. Bastien apprend que l’accident est en réalité un homicide. Maïa, elle, découvre que l’expérience a mal tourné. Sa tante, physicienne dans la grande institution suisse, lui demande de l’aider à se débarrasser de ce cristal devenu toxique.

Ce roman addictif qui emprunte aux codes de la série et du thriller est aussi une histoire d’amour. Une rencontre inattendue entre un homme, vaguement catholique et passablement alcoolique, et une femme, orpheline et fière, qui a érigé son indépendance en muraille.

"La vie de ma mère !" Magyd Cherfi - éd Actes sud

Après avoir enchanté les lecteurs en réglant leur compte à ses souvenirs et à ses illusions perdues, l’ex-parolier de Zebda s’attaque au "vrai" roman pour raconter une émancipation tardive : celle d’une femme algérienne sacrifiée à sa mission de mère dans une France presque aussi rance que raciste. Et comment, pour la rencontrer enfin, son fils – et toute la fratrie – devront apprendre, d’abord, à s’en séparer.
Entre tendresse et cruauté, drôle et parfois – par surprise – bouleversant, "La Vie de ma mère ! " est une déclaration d’amour épe rdu déguisée en portrait de femme crépitant.

 

"Mon oncle d'Australie" François Garde - éd Grasset

« Que serait une famille sans secret de famille ? » : voici la question qui hante ce livre.
Dans la famille Garde se murmure à voix très basse l’histoire de l’oncle Marcel, exilé à vingt ans par son père en Australie en 1900. Désireux de rendre justice à cet inconnu, l’auteur commence par inventer le roman d’aventures du banni : son arrivée à Sydney, sa résolution de devenir un autre dans cette Terre promise.
Mais en enquêtant sur cette vie effacée, l’auteur s’avise que le récit familial n’est pas fiable. Si Marcel n’a pas disparu en Australie, il faut remonter de branche en branche dans un arbre généalogique troué de silences et de morts pour retrouver la trace de ce jeune homme au destin tragique.
Comment approche-t-on au plus près la vérité d’un être ? Par les lacunes de la mémoire transmise, par les archives, par la fiction ? Les légendes, les omissions ou les dissimulations vieilles de plus d’un siècle se transmettent de génération en génération, en sorte que les fantômes déterminent parfois le destin de leurs descendants…

"Du même bois" Marion Fayolle - éd Gallimard

Dans une ferme en Ardèche, celle qui appartenait à la famille de l'autrice, l'histoire se reproduit de génération en génération. On s'occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l'étable et celles qui ruminent dans les têtes.

Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer.

Marion Fayolle crée un monde saisissant dont la poésie brutale révèle ce qui s'imprime par les failles, par les blessures familiales, comme dans les creux des gravures en taille-douce.

Un récit âpre et d'une incroyable douceur. 

"L'homme aux mille visages" Sonia Krounlund - éd Grasset

 Il se fait appeler Ricardo, Alexandre, Daniel ou Richard. Il est argentin, brésilien ou portugais. Il se prétend chirurgien, ingénieur, photographe ou policier, sans qu’aucune femme ne doute de la réalité de ses activités. Il parvient à mener en parallèle quatre vies conjugales dans plusieurs pays et sous différentes personnalités imaginaires, toutes plus séduisantes les unes que les autres.
Lorsqu’une de ses compagnes contacte Sonia Kronlund et qu'elle découvre l’histoire de celui qui se nomme ou se fait appeler Ricardo, elle sait qu'elle a un sujet en or entre les mains. Car tout est vrai. 

Ce livre raconte un imposteur extraordinaire, à travers les témoignages des femmes qui l’ont aimé, un détective privé qui l’a suivi, les policières qui l’ont attrapé. De Paris à Varsovie en passant par les favelas du Brésil, un incroyable voyage à la recherche d’un caméléon de génie. Elles cherchaient l’homme idéal, il composait l’amoureux de leurs rêves. Au risque de tout perdre, et de se trouver pris à son propre piège : le nôtre, celui du livre et de la fiction . Récit fascinant.

"Stella et l'Amérique" Joseph Incardona - éd Finitude

Stella fait des miracles. Au sens propre. Elle guérit malades et paralytiques, comme dans la Bible. Le Vatican est aux anges, pensez donc, une sainte, une vraie, en plein vingt et unième siècle ! Le seul hic, c’est le modus operandi : Stella guérit ceux avec qui elle couche. Et Stella couche beaucoup, c’est même son métier...
Pour Luis Molina, du Savannah News, c’est sûr, cette histoire sent le Pulitzer. Pour le Vatican, ça sentirait plutôt les emmerdements. Une sainte comme Stella, ça n’est pas très présentable. En revanche, une sainte-martyre dont on pourrait réécrire le passé...
Voilà un travail sur mesure pour les affreux jumeaux Bronski, les meilleurs pour faire de bons martyrs. À condition, bien sûr, de réussir à mettre la main sur l’innocente Stella. C’est grand, l’Amérique.
Avec sa galerie de personnages excentriques tout droit sortis d’un pulp à la Tarantino et ses dialogues jubilatoires dignes des frères Coen, Joseph Incardona fait son cinéma.

"Une sale affaire" Virginie Linhart - éd Flammarion

Quelques mois avant la parution de son précédent livre "L'effet maternel", Virginie Linhart et son éditrice apprennent que la mère de l'autrice et son ex-compagnon intentent un procès et demandent la suppression de plusieurs passages les mettant tous deux en scène dans ce livre à paraître.

La stupéfaction et l'effroi ne passent pas.

Ce récit relate les différentes étapes de ce procès et interroge la liberté de création en revenant sur une relation très toxique et les dommages subis par la génération des enfants de 68 qui prennent de plus en plus la parole pour raconter les dérives d'une révolution qui ne les a pas épargnés. 

"Fabriquer une femme" Marie Darrieussecq - éd POL

Fabriquer et construire sa vie. Deux vies parallèles, deux amies Rose et Solange qui grandissent dans un petit village du Pays Basque dans les années 80. L'histoire est racontée à partir de leurs quinze ans, du point de vue de la première puis de la seconde, chacune incarnant la constructionn d'un certain type de destin féminin. Rose, "la bonne élève" née dans un milieu plus bourgeois que sa copine poursuit des études, se marie, fait des enfants à l'âge attendu avec son amour de jeunesse, Solange plus punk quittera son village natal pour Bordeaux, Paris, Londres et la côte ouest des USA. Elle vivra dans des squatts, se lancera dans le métier d'actrice. Le roman s'ouvre avec la découverte de sa grossesse, en classe de seconde.

Fabriquer une femme avec deux héroïnes qui existent déjà dans l'oeuvre de l'autrice, "La mer à l'envers" 2019 pour l'une, "Clèves" 2011 et "Il faut beaucoup aimer les hommes" 2013 pour l'autre.

"Zorrie" Laird Hunt - éd Globe

Laird Hunt parvient à faire entrer toute une vie dans 240 pages. Celle de Zorrie Underwood, une femme modeste née dans l’Indiana au début du siècle dernier. Une vie simple menée dans une dignité discrète, pas toujours gaie, souvent rude, bouleversée par les convulsions qui ont agité le XXe siècle. Une vie humble à laquelle rend hommage Laird Hunt qui signe ici un livre éminemment politique, au sens le plus noble du terme, en se dévouant à cette catégorie sous-représentée en littérature des héros et héroïnes des existences banales.


Laird Hunt offre un portrait poignant d’une femme ordinaire, à un moment pivot de l’histoire américaine. Avec justesse et poésie, "Zorrie" raconte de manière magistrale la cruauté et la beauté du quotidien dans une Amérique en pleine transformation.

"Très chers amis" Gary Shteyngart - éd de l'Olivier

Mars 2020. L’épidémie de Covid s’étend à travers le monde et les populations sont appelées à se confiner. Sacha Senderovski, écrivain, sa femme Macha, psychiatre, et leur fille adoptive Natacha, enfant précoce obsédée par la K-pop, accueillent un groupe d’amis dans leur maison de campagne sur les bords de l’Hudson. Dans ce cadre idyllique, la troupe hétéroclite constituée d’intellectuels citadins de diverses origines va se trouver ébranlée par les vicissitudes d’une retraite forcée qui servira pour chacun de révélateur.

Avec Très chers amis, Gary Shteyngart signe l’un de ses romans les plus drôles. Un huis clos entre la comédie à l’américaine et le roman russe, où se nouent intrigues amoureuses, rapprochements et trahisons.

Prochainement

En mars 2025

Guerre en Ukraine : les voix des femmes

Bibliothèque Benoîte Groult : jeudi 6 mars

 unelettredelest

Les Ukrainiennnes vivent depuis trois ans une guerre de haute intensité s'imprimant durablement dans le paysage et dans les corps. Femmes soldates, militantes, soignantes, aidantes, sur le front, déplacées  ou en exil, le profil de ces femmes est multiple. Cette rencontre s'appuie sur les reportages de la grand reporter Margaux Benn, prix Albert-Londres 2022 et les témoignages recueillis par Inna Shevchenko, écrivaine franco-ukrainienne, publiés dans son livre "Une lettre de l'Est"

Réservation recommandée auprès de la bibliothèque.

 Maylis de Kerangal

Bibliothèque Benoîte Groult : mercredi 19 mars

 jourderessac

Rencontre et échange autour de son dernier livre "Jour de ressac". Nous parlerons d'écriture, de villes et de l'écriture des lieux.

Réservation recommandée auprès de la bibliothèque.

 

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