"L'homme aux mille visages" Sonia Krounlund - éd Grasset

 Il se fait appeler Ricardo, Alexandre, Daniel ou Richard. Il est argentin, brésilien ou portugais. Il se prétend chirurgien, ingénieur, photographe ou policier, sans qu’aucune femme ne doute de la réalité de ses activités. Il parvient à mener en parallèle quatre vies conjugales dans plusieurs pays et sous différentes personnalités imaginaires, toutes plus séduisantes les unes que les autres.
Lorsqu’une de ses compagnes contacte Sonia Kronlund et qu'elle découvre l’histoire de celui qui se nomme ou se fait appeler Ricardo, elle sait qu'elle a un sujet en or entre les mains. Car tout est vrai. 

Ce livre raconte un imposteur extraordinaire, à travers les témoignages des femmes qui l’ont aimé, un détective privé qui l’a suivi, les policières qui l’ont attrapé. De Paris à Varsovie en passant par les favelas du Brésil, un incroyable voyage à la recherche d’un caméléon de génie. Elles cherchaient l’homme idéal, il composait l’amoureux de leurs rêves. Au risque de tout perdre, et de se trouver pris à son propre piège : le nôtre, celui du livre et de la fiction . Récit fascinant.

"Stella et l'Amérique" Joseph Incardona - éd Finitude

Stella fait des miracles. Au sens propre. Elle guérit malades et paralytiques, comme dans la Bible. Le Vatican est aux anges, pensez donc, une sainte, une vraie, en plein vingt et unième siècle ! Le seul hic, c’est le modus operandi : Stella guérit ceux avec qui elle couche. Et Stella couche beaucoup, c’est même son métier...
Pour Luis Molina, du Savannah News, c’est sûr, cette histoire sent le Pulitzer. Pour le Vatican, ça sentirait plutôt les emmerdements. Une sainte comme Stella, ça n’est pas très présentable. En revanche, une sainte-martyre dont on pourrait réécrire le passé...
Voilà un travail sur mesure pour les affreux jumeaux Bronski, les meilleurs pour faire de bons martyrs. À condition, bien sûr, de réussir à mettre la main sur l’innocente Stella. C’est grand, l’Amérique.
Avec sa galerie de personnages excentriques tout droit sortis d’un pulp à la Tarantino et ses dialogues jubilatoires dignes des frères Coen, Joseph Incardona fait son cinéma.

"Une sale affaire" Virginie Linhart - éd Flammarion

Quelques mois avant la parution de son précédent livre "L'effet maternel", Virginie Linhart et son éditrice apprennent que la mère de l'autrice et son ex-compagnon intentent un procès et demandent la suppression de plusieurs passages les mettant tous deux en scène dans ce livre à paraître.

La stupéfaction et l'effroi ne passent pas.

Ce récit relate les différentes étapes de ce procès et interroge la liberté de création en revenant sur une relation très toxique et les dommages subis par la génération des enfants de 68 qui prennent de plus en plus la parole pour raconter les dérives d'une révolution qui ne les a pas épargnés. 

"Fabriquer une femme" Marie Darrieussecq - éd POL

Fabriquer et construire sa vie. Deux vies parallèles, deux amies Rose et Solange qui grandissent dans un petit village du Pays Basque dans les années 80. L'histoire est racontée à partir de leurs quinze ans, du point de vue de la première puis de la seconde, chacune incarnant la constructionn d'un certain type de destin féminin. Rose, "la bonne élève" née dans un milieu plus bourgeois que sa copine poursuit des études, se marie, fait des enfants à l'âge attendu avec son amour de jeunesse, Solange plus punk quittera son village natal pour Bordeaux, Paris, Londres et la côte ouest des USA. Elle vivra dans des squatts, se lancera dans le métier d'actrice. Le roman s'ouvre avec la découverte de sa grossesse, en classe de seconde.

Fabriquer une femme avec deux héroïnes qui existent déjà dans l'oeuvre de l'autrice, "La mer à l'envers" 2019 pour l'une, "Clèves" 2011 et "Il faut beaucoup aimer les hommes" 2013 pour l'autre.

"Zorrie" Laird Hunt - éd Globe

Laird Hunt parvient à faire entrer toute une vie dans 240 pages. Celle de Zorrie Underwood, une femme modeste née dans l’Indiana au début du siècle dernier. Une vie simple menée dans une dignité discrète, pas toujours gaie, souvent rude, bouleversée par les convulsions qui ont agité le XXe siècle. Une vie humble à laquelle rend hommage Laird Hunt qui signe ici un livre éminemment politique, au sens le plus noble du terme, en se dévouant à cette catégorie sous-représentée en littérature des héros et héroïnes des existences banales.


Laird Hunt offre un portrait poignant d’une femme ordinaire, à un moment pivot de l’histoire américaine. Avec justesse et poésie, "Zorrie" raconte de manière magistrale la cruauté et la beauté du quotidien dans une Amérique en pleine transformation.

"Très chers amis" Gary Shteyngart - éd de l'Olivier

Mars 2020. L’épidémie de Covid s’étend à travers le monde et les populations sont appelées à se confiner. Sacha Senderovski, écrivain, sa femme Macha, psychiatre, et leur fille adoptive Natacha, enfant précoce obsédée par la K-pop, accueillent un groupe d’amis dans leur maison de campagne sur les bords de l’Hudson. Dans ce cadre idyllique, la troupe hétéroclite constituée d’intellectuels citadins de diverses origines va se trouver ébranlée par les vicissitudes d’une retraite forcée qui servira pour chacun de révélateur.

Avec Très chers amis, Gary Shteyngart signe l’un de ses romans les plus drôles. Un huis clos entre la comédie à l’américaine et le roman russe, où se nouent intrigues amoureuses, rapprochements et trahisons.

"Le convoi" Beata Umubyeyi Mairesse - éd Flammarion

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse. Treize ans après les faits, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Le génocide des Tutsi, comme d'autres faits historiques africains, a été principalement raconté au monde à travers des images et des interprétations occidentales, faisant parfois des victimes les figurants de leur propre histoire. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, entre recherche d'archives et écriture de soi, Le convoi est un livre sobre et bouleversant : il offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

"Strange" Geneviève Damas - éd Grasset

Il y a des choses que l’on écrit parce qu’on n’a pas pu les dire. Nora envoie une longue lettre à son père, qui vit dans une autre ville. Cette ville, elle l’a quittée pour apprendre le chant à Bruxelles. Mais aussi pour autre chose. «  Ma vie n’est pas exactement comme je te l’ai racontée.  »
L’enfant que connaît ce père était un «  il  ». Il se prénommait Raphaël. Tout ce que le père ignore, le voici, depuis l’enfance, la mort de la mère. Les déguisements que portait le petit garçon. Les princesses qu’il dessinait. Les brutalités subies dans la cour du collège. Les mensonges. La douleur. Et puis, un jour, une lumière  : le chant. Et le départ. Et ce que Nora est devenue, sa nouvelle vie. 
Loin d’être une lettre d’amertume, de vengeance ou de règlement de comptes, la lettre de Nora est une lettre d’amour. Lettre d’amour à un père, dans l’espoir qu’il comprendra. Lettre pour s’aimer soi-même, aussi, enfin.

"Stupeur" Zeruya Shalev - éd Gallimard

Prix Médicis étranger en 2014 pour "Ce qui reste de nos vies", elle nous offre aujourd’hui, à travers la rencontre de deux femmes et de trois générations, le grand roman de la douleur, de l’amour et de la guerre tel que le vit intimement chaque famille israélienne.

Au chevet de son père mourant, Atara recueille les propos confus de cet homme qui l'a élevée avec sévérité. Il l'appelle Rachel, du nom de sa mystérieuse première épouse, s'adresse à elle par une vibrante déclaration d'amour. Troublée, Atara retrouve sa trace et réveille chez cette femme âgée un douloureux passé dans la lutte armée clandestine. Rachel n'a rien oublié de ces années de résistance contre les Anglais, avant la fondation de l'État d'Israël, et surtout pas le prénom de celle qui aujourd'hui se présente à elle. Mais de qui Atara porte-t-elle le nom ? La rencontre de ces deux femmes bouleversera de façon inattendue leur existence et liera à jamais leur destin. En sondant magistralement l'âme humaine, Zeruya Shalev montre comment l'histoire collective d'une société fracturée bouscule les liens privés. De sa plume délicate et précise, elle interroge la parentalité, le couple, mais aussi la culpabilité et les silences qui régissent nos vies.

 

"La mémoire délavée" Nathacha Appanah - éd Mercure de France

Ce poignant récit s'ouvre sur un vol d'étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. C'est alors le début d'une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître autant l'histoire collective des engagés indiens que l'histoire intime de la famille de Nathacha Appanah. Ces coolies venaient remplacer les esclaves noirs et étaient affublés d'un numéro en arrivant à Port-Louis, premier signe d'une terrible déshumanisation dont l'autrice décrit avec précision chaque détail. Mais le centre du livre est un magnifique hommage à son grand-père, dont la beauté et le courage éclairent ces pages, lui qui travaillait comme son propre père dans les champs de canne, respectant les traditions hindoues mais se sentant avant tout mauricien. La grande délicatesse de Nathacha Appanah réside dans sa manière à la fois directe et pudique de raconter ses ancêtres mais aussi ses parents et sa propre enfance comme si la mémoire se délavait de génération en génération et que la responsabilité de l'écrivain était de la sauver, de la protéger. Elle signe ici l'un de ses plus beaux livres, essentiel.

"Le plus court chemin" Antoine Wauters - éd Verdier

Qu’est-ce qui amène un jour à l’écriture ? Et qu’est-ce qui nous y attache, par la suite ? Dans Le plus court chemin – cinquième roman d’Antoine Wauters paru aux éditions Verdier –  se dessine l’itinéraire d’écriture et de rupture de celui qui écrit depuis la campagne wallonne depuis presque dix ans déjà. Sorte de vagabondage autant que quête originelle, ce plus court chemin se présente comme une véritable réflexion sur ce qui nous attache encore à l’acte d’écrire. Le plus court chemin est un hommage aux proches et la tentative de revisiter avec les mots ce vaste monde d'avant les mots : les êtres, les lieux, les sentiments et les sensations propres à cette époque sur le point de disparaître, les années d'avant la cassure, d'avant l'accélération générale qui suivront la chute du mur de Berlin. Raconter l'existence dans les paysages infinis de la campagne wallonne, dire l'amour et le manque, poursuivre un dialogue avec tout ce qui a cessé d'être visible. Par-delà la nostalgie.

Pour Antoine Wauters, «le plus court chemin» vers lui-même passe par le pays wallon où il a grandi. Après les dystopies de ses premiers livres, marqués par la guerre, la catastrophe... "Pense aux pierres sous tes pas" (Verdier, 2018), "Mahmoud ou la montée des eaux", en 2021 et les récits «de résistance et d’espoir» du Musée des contradictions (Editions du sous-sol, 2022, Prix Goncourt de la nouvelle, réédité en folio), Le plus court chemin marque un temps d’arrêt. C’est un livre intime, une remontée à la source: «Ne pas arrêter de faire signe à celui que j’ai été, tenter de le revoir et de revoir mon frère, tout cela porte un nom: écrire.»

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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