Le récit bouleversant d'une famille face à l'horreur du meurtre de deux jeunes étudiantes, le combat pour ne pas succomber à la haine et au désir de vengeance aveugle. Un soir d'avril 1991, à la faible lueur de leurs briquets, deux sœurs, Julie et Robin Kerry, font découvrir à leur cousin Tom Cummins les poèmes et graffitis inscrits sur l'Old Chain of Rocks, le pont qui enjambe le Mississippi à la sortie de St. Louis. Au même moment, quatre jeunes de la région trompent leur ennui en arpentant ce vieux pont, depuis l'autre rive. Lorsque leur route croise celle du petit groupe, on assiste brusquement à un terrible déchaînement de violence. Tom, qui réussit à en réchapper, ne peut pas imaginer que pour lui, sa sœur Jeanine et toute la famille Cummins, une interminable épreuve commence.
Dans ce récit haletant, Jeanine Cummins raconte et analyse les effets dévastateurs d'un crime sur les victimes et leurs proches. Des méthodes policières douteuses aux débordements de journalistes fascinés par le meurtre, de la difficile impartialité de la justice à l'épineux débat sur la peine de mort, ce livre bouleversant explore les ombres de la société américaine. Le lecteur suit le combat de Tom et de sa famille au fil des années, et leur émouvante reconstruction, dont le pilier reste la fidélité à leurs disparues. Jeanine Cummins est l'autrice du très remarqué "American dirt" paru chez le même éditeur en 2020.
Un roman haletant et envoûtant qui nous plonge dans la splendeur de la forêt boréale, sur les traces de deux-écoguerrières prêtent à tout pour protéger leur monde et ceux qui l’habitent. Raphaëlle est garde-forestière. Elle vit seule avec Coyote, sa chienne, dans une roulotte au cœur de la forêt du Kamouraska, à l’Est du Québec. Elle côtoie quotidiennement ours, coyotes et lynx, mais elle n’échangerait sa vie pour rien au monde.
Un matin, Raphaëlle est troublée de découvrir des empreintes d’ours devant la porte de sa cabane. Quelques jours plus tard, sa chienne disparaît. Elle la retrouve gravement blessée par des collets illégalement posés. Folle de rage, elle laisse un message d’avertissement au braconnier. Lorsqu’elle retrouve des empreintes d’homme devant chez elle et une peau de coyote sur son lit, elle comprend que de chasseuse, elle est devenue chassée. Mais Raphaëlle n’est pas du genre à se laisser intimider. Aidée de son vieil ami Lionel et de l’indomptable Anouk, elle échafaude patiemment sa vengeance.Thriller écologique d'une pure beauté portée par une langue aussi crue que poétique, celle du pays, qui nécessite parfois quelques ajustements pour le lecteur européen. Une magnifique découverte. En 2013, Gabrielle Filteau-Chiba a quitté son travail, sa maison et sa famille de Montréal, a vendu toutes ses possessions et s’est installée dans une cabane en bois dans la région de Kamouraska au Québec. Elle a passé trois ans au cœur de la forêt, sans eau courante, électricité ou réseau. Avec des coyotes comme seule compagnie. Son premier roman, "Encabanée", a été unanimement salué par la presse et les libraires tant au Québec qu’en France. "Sauvagines", son deuxième roman, a été finaliste du Prix France-Québec.
"Connemara" c’est l’histoire d’un retour au pays, d’une tentative à deux, le récit d’une autre chance et d’un amour qui se cherche par-delà les distances et les parcours de vie. Celle qui revient, c'est Hélène, elle a bientôt 40 ans, elle a fait des études, une belle carrière dans des sociétés de conseils. Elle manie à merveille le langage de l'entreprise, elle connait les ressorts d'une évolution de carrière réussie jusqu'au jour où la pression trop forte l'a fait dévisser. Elle fait un burn out et décide avec sa famille de revenir vivre et travailler dans sa région natale où elle suppose que la vie sera plus douce. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : partir, changer de milieu, réussir. Et pourtant, le sentiment d'insatisfaction plane au dessus de ses rêves accomplis, elle décide de reprendre contact avec celles et ceux qu'elle a connu.e.s quand elle était adolescente, elle les suit sur les réseaux sociaux et se décide à joindre Christophe, qui était, vingt ans plus tôt, la coqueluche du lycée. Qu'attend-elle de cette rencontre ? Vivre l'histoire qui n'avait pas eu lieu quand ils avaient quinze ans ? Mesurer la distance entre leurs parcours ? Prendre sa revanche sur celui qui était l'obsession de toutes les filles ?
Christophe, lui, n’a jamais quitté la petite ville où il a grandi. Il n’est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la fête, remettant au lendemain les grandes décisions, l’âge des choix, il est commercial dans une société alimentaire, il s'occupe de son père et doit accepter les contraintes d'une garde alternée qui va l'éloigner de son jeune fils. Il n'a jamais partagé les mêmes ambitions qu'Hélène, il semble se satisfaire de sa vie même si au mitan de celle-ci, il reprendrait bien le hockey sur glace, sport qui l'avait sacré jeune espoir régional et avait fait de lui le héros du lycée et l'adolescent le plus convoité par les filles. Il croit dur comme fer que tout est encore possible, même contre l'avis des entraineurs. L'envie d'un dernier tour de piste pour éblouir son fils, ou l'envie de revivre, comme hélène, une partie de sa jeunesse ? Il est des âges dans la vie, généralement les décennies, où le bilan s'impose contre le temps qui passe. Dans le roman de Nicolas Mathieu, si l'épreuve du cap de la quarantaine s'impose à ses personnages de manière individuelle, elle renvoie aussi fortement à toutes les illusions politiques et sociales d'une génération née dans les années 80 qui a grandi dans le culte de la réussite, qui a ignoré les fractures sociales et a été soumis à des changements culturels fondamentaux. C'est un récit de rage, de colère, contre le temps qui passe, les rêves qui nous échappent, la fin des illusions ou pire encore l'impression de n'avoir pas forcément suivi le meilleur chemin pour soi.
Porca miseria est l’histoire d’une famille, celle de Tonino Benacquista. De ses parents, Cesare et Elena, émigrés italiens arrivés en banlieue parisienne dans les années 50. De sa fratrie, dont il est le benjamin, et le seul à être né en France. Il y retrace son enfance à l’ombre d’un père ouvrier à l’usine, qui noie son amertume dans l’alcool, et d’une mère déracinée, éprouvée par l’exil. Toutefois il est question ici avant tout d'une conquête, souvent drôle et inattendue, celle de la culture et de la langue françaises. En racontant le devenir d’un jeune autodidacte que la fiction sauvera des affres du réel, Tonino Benacquista signe un récit des origines d’une humanité poignante. Pour la première fois, ce raconteur d’histoire raconte la sienne, son enfance, sa famille et l’histoire du jeune homme qu'il fut, sauvé par les mots, mais pas ceux des autres, ceux qu'il va s'approprier. Ce récit est aussi une promenade dans la mémoire et la tentation toujours présente d'imaginer pour celles et ceux qu'il a aimé.e.s d'autres vies. C'est un émouvant roman de deuil et de réconciliation.
"J'ai un programme politique. Je suis pour la suppression de l'héritage, de l'obligation alimentaire entre ascendants et descendants, je suis pour la suppression de l'autorité parentale, je suis pour l'abolition du mariage, je suis pour que les enfants soient éloignés de leurs parents au plus jeune âge, je suis pour l'abolition de la filiation, je suis pour l'abolition du nom de famille, je suis contre la tutelle, la minorité, je suis contre le patrimoine, je suis contre le domicile, la nationalité, je suis pour la suppression de l'état civil, je suis pour la suppression de la famille, je suis pour la suppression de l'enfance aussi si on peut." Un récit autobiographique décomplexé et libéré de toute forme de conformisme, provocateur, violent, libérateur souvent. Plus que jamais le dévoilement du passé familial, issu de la grande bourgeoisie française qu'elle a elle-même très bien connu, s'offre comme une quête de soi et une quête de sens. Faire le vide, abolir le passé, le détruire pour vivre selon soi, là est le vrai programme de celle qui a tout jeté et rejeté. Une expérience extrême.
J'étais là, un bébé parfait dans les bras, et mon corps déchiré. Dans mon orgueil comme dans mon innocence, j'ai pensé que tout s'arrêtait, alors qu'au contraire, tout commençait.
Un soir de novembre, en pyjama sur le parking de la clinique, Julia Kerninon hésite à fuir. Son premier enfant vient de naître et, malgré le bonheur apparent, elle perd pied, submergée par les doutes et la peur des contraintes. Sa vie d'avant lui revient comme un appel au large : les amours passionnels, les nuits de liberté et les vagabondages sans fin.
Dans ce récit intime, Julia Kerninon plonge au coeur des sentiments ambigus de la maternité.
Elle confie ses tempêtes intérieures : Comment être mère ? Comment rester soi ?
Elle raconte cette longue traversée jusqu'à atteindre la terre ferme, où tout se réconcilie.
En moins de deux cents pages vibrantes de vie, de lucidité implacable et d’amour, Edith Bruck revient sur son destin : de son enfance hongroise à son crépuscule. Tout commence dans un petit village où la communauté juive à laquelle sa famille nombreuse appartient est persécutée avant d’être fauchée par la déportation nazie. Le pain "perdu" est celui que sa mère était en train de pétrir quand la milice a fracassé la porte de la maison et que toute la famille fut conduite au ghetto. L’autrice raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie en Hongrie, en Tchécoslovaquie, puis en Israël. Elle n’a que seize ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d’espoirs, de désillusions, d’éclairs sentimentaux, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l’Europe et l’Orient, et enfin, à vingt-trois ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l’image de son ami Primo Levi. “Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle.”
Le roman se construit sur une forme de jeu de miroirs où l'on ne sait pas très bien si l'on voit vivre les personnages ou si l'on contemple un tableau. Nous sommes en 1650, affrontements sanglants entre catholiques et protestants, des épidémies de peste, un pouvoir instable, une monarchie vacillante et la fronde gronde quand la famine se répend sur tout le territoire. Un tableau bien sombre que vient adoucir la musique baroque et le bruit de la mer. Dans ce tumulte grondissant deux enfants vont s'aimer, se quitter, se retrouver, elle tournée vers l'océan et lui vers les sommets des Alpes suisses. Un roman aux allures de partition musicale d'une beauté somptueuse. Un rêve si beau et si triste.
Avec Histoires de la nuit, Laurent Mauvignier met en scène un thriller et décrit une réalité sociologique avec subtilité et complexité. Du grand art. Laurent Mauvignier s’intéresse à la France périurbaine, depuis son premier livre, il s’est attaché à donner une existence romanesque à une partie de la société française qui apparaît peu en littérature. Il ne se contente pas de dresser une simple analyse sociologique, mais sait mettre en scène des personnages complexes, dont on découvre peu à peu les failles et la psychologie. Il sait aussi traquer les tragédies que cache l’apparence anodine d’un bourg de province. Ainsi dans ce nouveau roman, où un paisible petit village se transforme en un huis clos angoissant. Christine, artiste peintre, a échoué ici il y a des années. Son voisin Bergogne, jeune agriculteur taiseux, y vit avec sa femme Marion et leur petite fille. La troisième maison du hameau est vide. L’auteur construit un étrange thriller. Mais c’est surtout l’écriture de Mauvignier, sa phrase toute en circonvolutions, qui fait de ce roman une œuvre exceptionnelle.
Hiver 1959-1960, dans une petite ville de l’État de New York. Ruben Blum est historien, fils de parents (névrosés et excentriques) d’origine russo-ukrainienne, gendre de beaux-parents (plus névrosés et excentriques encore) d’origine germanique, et père d’une jeune fille qui a hérité de cette folie familiale. Il enseigne à l’Université de Corbin où il est le seul professeur de confession juive, ce qui fait de lui un sujet de curiosité, de conversation et, par de sombres raccourcis, la personne idéale pour évaluer la candidature d’un spécialiste de l’Inquisition, juif lui aussi, qui postule à la faculté : Ben-Zion Nétanyahou.
Ce dernier est attendu chez les Blum pour un cocktail de bienvenue avant ses entretiens, mais lorsque sa voiture s’arrête devant la maison, quatre autres personnes apparaissent à ses côtés – Ben-Zion a fait le voyage avec sa femme et ses trois garçons, l’aîné s’appelle Jonathan, le plus jeune Iddo, et entre les deux : Benjamin Nétanyahou, 10 ans. La soirée qui attend les Blum et les Nétanyahou restera dans les mémoires de tous les habitants de la ville, du directeur de l’université jusqu’au Shérif de Corbindale, de l’équipe locale de football jusqu’aux draps de la fille de Ruben…
Dans les pas de Philip Roth et de Saul Bellow, Joshua Cohen signe un très grand roman sur la société américaine, les familles dysfonctionnelles et l’identité juive. Celui que certains considèrent comme « le plus grand auteur américain vivant » (The Washington Post) nous plonge, avec ce pastiche de campus novel, dans un épisode invraisemblable de l’histoire personnelle des Nétanyahou. Et rien de tel que l’humour pour revisiter le passé, parfois embarrassant, des hommes de pouvoir.
La légende raconte comment un mage, autrefois, parvint à consoler un peu l’empereur du chagrin profond où l’avait laissé la mort de la femme qu’il aimait. Dans l’obscurité, il fit apparaître sous ses yeux la silhouette de la belle courtisane disparue. Ainsi naquit l’art du « Pi Ying Xi », auquel, en Occident, nous donnons le nom d’« ombres chinoises » et dont la tradition se perpétue jusqu’à aujourd’hui. Car chacun d’entre nous, dans la nuit où il vit, cherche à retrouver l’ombre de ce qu’il a perdu. Un message mystérieux, parfois, nous met à notre insu sur la piste. Le monde se métamorphose alors en un labyrinthe au sein duquel se multiplient les signes et où tout prend un air étrange de « déjà-vu ». Un jour, dans le quartier chinois de la capitale européenne où il s’est installé, un homme reçoit un énigmatique appel à l’aide qui, sans qu’il sache pourquoi, va le conduire à l’autre bout de la planète, du côté de Shanghai, de Nanjing et de Beijing. Dans cette Chine qu’il découvre, qu’il ne connaît pas, qu’il ne comprend pas, tout lui parle pourtant de ce que, jadis, il a lui-même vécu et qui, singulièrement, se met ainsi à exister pour la seconde fois. Sous la forme d’une fable semblable à celles que proposaient ses romans les plus récents , Le chat de Schrödinger ou L’oubli, Philippe Forest renoue avec l’inspiration de ses premiers livres, "L’enfant éternel" et surtout" Sarinagara". Entraînant le lecteur vers une Chine rêvée où le présent se mêle au passé, lâchant la proie pour l’ombre, comme le voulait un poète, il donne une suite à ce long roman de désir et de deuil que compose son œuvre.