
A quoi ressemble une vie ? C'est avec une simplicité désarmante et de nombreux pas de côté qu'Agnès Desarthe tente de répondre à cette question. Elle explore les premiers territoires de l'enfance, quand l'univers connu s'arrête aux portes de l'appartement, que la confrontation avec l'extérieur n'a pas encore eu lieu, et que tout ce qui se vit au foyer semble naturellement établi. Arrivent ensuite les appels d'air de l'adolescence, les regards plus critiques sur l'ordre des choses vues, et tout à coup la déflagration, la mère si discrète, si effacée quitte le foyer pour rejoindre l'homme qu'elle aime, oubliant presque ceux avec qui elle avait vécu auparavant. La narratrice, elle n'a pas voulu répondre à la première déclaration d'amour que lui fit, à quatre ans, un camarade de classe. Le regrette-t'elle ? Comprend-elle tardivement ce qui lui a échappé ? Elle restera cependant toute sa vie attentive à ce premier amoureux, cet éternel fiancé qui réapparaîtra à peu près tous les dix ans et la renverra inconsciemment à ce qu'elle n'avait pas voulu saisir, ce cadeau précoce de la vie. Le roman se construit sur ce fil conducteur qui n'est pas forcément empreint de regret ou de nostalgie mais qui permet de mettre en présence au sein d'une même famille et d'un cercle proche les événements par lesquels se construisent nos vies et que l'écriture permet de tracer. Un récit vibrant animé d'une extraordinaire vitalité alternant chutes et rebonds, effondrements et triomphes, mélancolie et exaltation. Le style si singulier de cette auteure dont le regard et la sensibilité nous enchantent.