"Attachement féroce" Vivian Gornick - éd Rivages

Paru aux Etas-Unis en 1987, c'est un récit essentiel dans l'oeuvre de Vivian Gornick, figure emblématique du féminisme outre-atlantique. Deux femmes se promènent dans New-York, de Manhattan à Central Park. La mère a 77 ans, sa fille Vivian une cinquantaine d'années. Elles s'exaspèrent mutuellement, se disputent, s'insupportent durant ces promenades ritualisées qui les ramènent inexorablement vers leur quartier d'origine le Bronx, où Vivian a vécu son enfance. On apprend au cours de ces escapades qui ponctuent tout le récit que la mort du père, survenue lorsque Vivian avait une dizaine d'années a ancré sa mère dans une éternelle posture de veuve éplorée.Vivian en veut à cette femme qui a construit une forme de roman familial qui l'empêche de trouver pour elle même des issues à sa vie affective. Le début du récit se déroule dans leur immeuble du Bronx dans les années 50 où s'entassent des familles de classe moyenne, italiennes, juives, polonaises ou russes.

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"Un livre de raison" Joan Didion - éd Grasset

Journaliste, écrivain, Joan Didion occupe la scène littéraire américaine depuis une quarantaine d'années. Dans ce roman « Un livre de raison » publié en 1978, la narratrice Grace, vit à Boca Grande, une république imaginaire d'Amérique centrale, entre jungle et cité futuriste, gouvernée par une famille de dictateurs. Grace a été l'épouse d'un membre de ce clan, désormais veuve, elle administre le domaine dont elle a hérité. Survient dans ce paysage sans contours ni reliefs, une américaine, « la norteamericana » : Charlotte Douglas. Silhouette élégante et évanescente qui arpente les rues de la capitale et devient une enigme dans cette société fermée où tout le monde se connaît. Grace rencontre Charlotte, cette dernière semble très confuse et ne parvient pas à expliquer les raisons de son séjour dans ce petit pays. 

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"La vie automatique" Christian Oster - éd de l'Olivier

Au départ, il y a l'incendie. Jean a oublié d'éteindre sous une casserole. Il en profite pour oublier aussi sa vie en abandonnant sa maison aux flammes. Acteur de séries B, il va désormais se contenter de survivre. La fiction devient son refuge, la vie elle-même une toile de fond. C'est dans cette atmosphère de désenchantement qu'il rencontre France Rivière, une actrice encore célèbre qui lui propose de s'installer chez elle. Puis son fils, Charles, un homme intrigant qui sort de l'hôpital psychiatrique. Jean s'attache à ses pas, perd sa trace, s'interroge sur son absence, qui le renvoie à celle qu'il éprouve face au monde. Dans ce roman à l'écriture tendue, Christian Oster évoque la dérive d'un homme qui interroge, de manière souvent cocasse, le renoncement dans lequel il s'est installé. 

 

"Le grand combat" Ta-Nehisi Coates - éd Autrement

À West Baltimore dans les années 1980, les gangs et le crack sont le seul horizon des gosses du quartier. Ta-Nehisi est voué lui aussi à devenir un bad boy. Mais son père Paul, ancien Black Panther passionné de littérature, lui fait découvrir Malcolm X et James Baldwin. C'est une révélation. L'adolescent rêveur, égaré dans les frasques d'une famille hors norme, se jure d'échapper à son destin. Épopée lyrique aux accents hip-hop, portée par l'amour et l'ambition, Le Grand Combat est l'histoire magnifique d'un éveil au monde, un formidable message d'espoir. Né à Baltimore en 1975, Ta-Nehesi Coates est l'auteur de « Une colère noire » qui a reçu le National Book Award en 2015. 

 

"Le dimanche des mères" Graham Swift - éd Gallimard

Dimanche 30 mars 1924 en Angleterre. Jour de congé exceptionnel pour les domestiques des maisons de l’aristocratie dé- clinante car ils ont le droit d’aller voir leur mère. Jane, orpheline, n’a pas de famille mais entretient une liaison avec Paul, jeune homme de bonne famille. Celui-ci l’invite à venir faire l’amour pour la première et dernière fois avant de se marier avec une jeune fille de son milieu. Puis il la laisse seule dans la maison vide. Tout le récit se concentre sur cette journée, décisive dans la vie de Jane. Ce livre, concis et à la construction savante, est le roman de l’émancipation d’une femme par la lecture et l’écriture. Lecture favorisée par la famille qui emploie Jane et écriture dont la source se trouve peut-être dans le souvenir de ce dimanche des mères qui restera à jamais un secret pour Jane devenue romancière. Chronique du club de lecture MD  

 

"Le silence même n'est plus à toi" Asli Erdogan - éd Actes Sud

 

Pour Asli Erdogan, l’écriture qui l’a menée en prison est un acte de résistance, un moyen de survivre dans cet enfer qu’est devenue la Turquie pour les journalistes et les écrivains. En France, la radio en parle, la télévision en montre des images, les journaux font l’analyse de la situation, ça parait loin de nous. Dès la première chronique du livre, on traverse le miroir, on ressent la peur. Nous ne sommes plus seulement spectateurs, nous sommes embarqués. « Pour couvrir le bruit de la canonnade, il hurlait : couche -toi, à terre ! C’était le 15 juillet 2016, jour du coup d’Etat. Etait-il chiffonnier ou policier en civil ? Il m’a sauvé la vie ». Après chaque récit, il faut prendre du temps, fermer les yeux, avant d’attaquer le suivant. Pour Asli Erdogan, « l’écriture est soit un verdict, soit un cri ». Ici, il s’agit bien d’un cri de détresse, d’un appel au secours. Chronique du club de lecture  FG  

 

"Les furies" Lauren Groff - éd de l'Olivier

L’intrigue pourrait paraître banale, celle d’un couple de jeunes gens qui se marient trois jours après leur rencontre coup de foudre : Lotto, riche, brillant, idolâtré par sa mère et Mathilde, pauvre, sans famille, tous les deux extrêmement beaux, des archétypes. Lauren Groff en fait un roman puissant et haletant. Elle nous fait découvrir comment se sont fondées les personnalités de ces deux jeunes gens en creusant leurs passés. Comme l’indique le titre anglais, Fates and Furies, le roman est écrit en deux parties. La première est centrée sur Lotto, sa carrière de dramaturge, dont il doit le succès à Mathilde. Malgré la pauvreté, les échecs de Lotto, ses abus d’alcool, un environnement déjanté, les tentations multiples, le couple tient bon jusqu’à la mort de celui-ci. La personnalité de Mathilde reste secrète, intrigue. La deuxième partie, dans un suspens inattendu, permet de la découvrir et en fait le personnage clé. Passionnant. Chronique du club de lecture MM  

 

"Article 353 du code pénal" Tanguy Viel - éd de Minuit

Tanguy Viel, "Article 353 du code pénal" éditions de Minuit. Les 174 pages du récit se déroulent en huis-clos. Martial Kermeur a été arrêté et convoqué chez le juge à qui il va devoir expliquer pourquoi il a noyé Antoine Lazenec. Licencié des chantiers navals de l'arsenal de Brest, Kermeur pensait avoir fait le bon choix en confiant toutes ses économies à Lazenac, un promoteur immobilier sans vergogne. Homme plutôt passif, il a mis un certain temps à comprendre qu'il ne verrait jamais la résidence se construire. Kermeur raconte son histoire, s'interrompt lui-même pour prendre le temps de réfléchir, de regarder ce qui s'est joué. Plus sombre et plus grave que d'autres récits, on retrouve cependant cette touche grinçante, ironique et comique dans la manière de raconter, très caractéristique du style de Tanguy Viel.

"Article 353 du code pénal" Tanguy Viel - éd de Minuit (2)

Tanguy Viel, "Article 353 du code pénal" éditions de Minuit. Les 174 pages du récit se déroulent en huis-clos. Martial Kermeur a été arrêté et convoqué chez le juge à qui il va devoir expliquer pourquoi il a noyé Antoine Lazenec. Licencié des chantiers navals de l'arsenal de Brest, Kermeur pensait avoir fait le bon choix en confiant toutes ses économies à Lazenac, un promoteur immobilier sans vergogne. Homme plutôt passif, il a mis un certain temps à comprendre qu'il ne verrait jamais la résidence se construire. Kermeur raconte son histoire, s'interrompt lui-même pour prendre le temps de réfléchir, de regarder ce qui s'est joué. Plus sombre et plus grave que d'autres récits, on retrouve cependant cette touche grinçante, ironique et comique dans la manière de raconter, très caractéristique du style de Tanguy Viel. 

"Merci pour l'invitation" Lorrie Moore - éd de l'Olivier

Lorrie Moore, n'est plus une inconnue pour nous, ses nouvelles sont traduites et très appréciées en France depuis plusieurs années. Remarquée par Alison Lurie dans un atelier d'écriture dans les années 80, elle met principalement en scène des sujets tels que : les attachements hasardeux, les couples en déroute, les générations en lutte, les conventions asphyxiantes... Ces 8 nouvelles se lisent le sourire en coin mais la charge est féroce et Lorrie Moore se montre sans pitié pour ses personnages. On se sent aspiré par chaque histoire qui diffuse un concentré de tension palpable. Lorrie Moore ausculte les méandres du sentiment amoureux avec la drôlerie et le sens du détail qui la distinguent.

"Manuel à l'usage des femmes de ménage" Lucia Berlin - éd Grasset

Une découverte posthume majeure. Quarante trois nouvelles, inédites en France, dont l'une d'entre elles donne le titre au recueil : "Manuel à l'usage des femmes de ménage". Ecrivain du réel, Lucia Berlin puise dans sa vie la matière qui compose ses nouvelles, dont la plupart furent éditées de son vivant. Elle grandit dans les cités minières de l'Idaho et du Montana, vit à El Paso, Santiago du Chili, Acapulco, fréquente les milieux artistiques new yorkais dans les années 60, se marie plusieurs fois et élève seule ses quatre enfants. Elle enseigne dans le secondaire, travaille comme standardiste ou auxiliaire médicale. .Si les personnages changent de nom au fil des séquences, il s'agit essentiellent de personnages issus du vécu. Lucia Berlin raconte avec un naturel déroutant des histoires souvent sinistres auxquelles elle sait ajouter une dose d'imprévu, de fantaisie, d'humour et de farfelu. Une écriture sensible  inspirée par une double culture, américaine et latino-américaine, un univers hors norme et d'une originalité extrême. 

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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