L'auteur de « Trois femmes puissantes » raconte le destin de trois femmes victimes d'une malédiction familiale. L'héroïne première « Ladivine Sylla », femme de ménage, a élevé seule sa fille. Cette dernière la rejette et éprouve une honte avouée mais non assumée envers sa mère. Ce sentiment primitif qui n'exclut pas le réel amour qu'elle éprouve pour sa mère, empoisonne sa vie et empoisonnera la vie de sa descendance. Ce sentiment devient cette malédiction car il conduit à des pensées inavouables, enfouies et irrépressibles qui tracent le chemin vers le crime.
Encore une fois, Marie Ndiaye étonne et envoûte. C'est un nouvel enchantement où il est question de passion, d'origines cachées, d'abandon cauchemardesque et de métamorphoses. Tout ceci est servi par un style composé de phrases lentes, complexes qui recherchent la vérité au delà de la réalité. C'est un livre exigeant qui demande au lecteur de se défaire de ses préjugés moraux et esthétiques pour subir au plus profond l'envoûtement de cette écriture. Un récit rare, très noir et qui ébranle profondément car tous ces êtres, décrits dans leur complexité, vu du dehors et du dedans, sont inexcusables et parfaitement pardonnables. Un grand, grand roman qui étourdit et laisse sur le carreau.