
Nous sommes au Havre dans les années 80, Anna la narratrice y vit avec sa sœur aînée Irène et sa mère Maud. Leur beau-père Jacques y débarque de temps en temps mais sa vie professionnelle se déroule à Abidjan en côte d’Ivoire où il possède une entreprise de location de machines et véhicules de travaux. C’est un homme malade et il n’est pas fait mystère de sa fin tragique au début du récit. Anna regarde cet homme fantasque, solaire, imprévisible, très aimant et parfois très inquiétant qui a colonisé leur vie. Quand il débarque au Havre pour Noël Jacques achète chez un antiquaire toute une série de meubles dont un appelé « Bonheur du jour » et un piano à queue alors que personne ne fait de la musique au sein de cette famille. Le chèque est en bois et la mère des filles tentera de rendre le mobilier sans succès. On comprend dès les premières pages que Jacques est une sorte de flambeur sympathique qui danse sur un volcan et entraîne toute la maisonnée dans sa folie des grandeurs. Il promet la reprise de ses affaires en côte d’Ivoire mais part sans laisser de nouvelles ou au contraire parce qu’il veut faire famille et qu’il aime profondément sa nouvelle famille, il réaménage complètement sa maison à Abidjan dans l’espoir de l’installation de sa femme et de ses belle-filles. Homme de la démesure, perdant attachant, Anna la narratrice tente de raconter sa vie avec Jacques sans jamais le juger, aimantée par ce personnage hors norme dont elle se méfie mais qu’elle ne peut abandonner. Et on le devine, elle restera marquée à vie par le passage dans la sienne de ce personnage de perdant magnifique.