"La femme aux cheveux roux" Orhan Pamuk - éd Gallimard

Un roman qui entremêle plusieurs genres littéraires : le récit d'apprentissage, la fresque historique et politique, le polar et la tragédie antique. Ce grand roman s'articule autour des deux contes mythologiques « Oedipe roi » et « Sohrâb et Rostam ». Dans les années 80, le jeune Cem vit dans le quartier de Besiktas à Istanbul où son père tient une pharmacie. L'été de ses 16 ans, son père disparaît sans laisser un mot, enlèvement,séquestration ou relation adultère ? Cem se fait engager comme manœuvre, par un maître puisatier pour payer ses cours, sur un chantier à une trentaine de kms de la ville. Le jeune citadin découvre la vie d'apprenti puisatier auprès d'un maître renommé qui le prend sous sa coupe et le forme comme son propre fils. Cet été 1985 marquera à jamais la vie du jeune Cem, le regard exigeant et bienveillant de ce maître l'éveille à une autre conscience de lui même. Il croise aussi le regard de la femme aux cheveux roux qui l'aimante immédiatement et auprès de laquelle il découvrira ses premiers émois amoureux. Cet été aurait pu être le plus heureux de sa vie, si un accident sur le chantier n'était venu perturber la suite de la vie de Cem. Ce grand roman, se déploie sur une trentaine d'années en prenant le temps et en entremêlant d'innombrables sujets qui racontent à la fois la vie d'un jeune homme qui devient adulte, l'expansion démesurée d'une ville qui se modernise et d'un pouvoir oppressant qui contraint les esprits. Cem incarne l'âme de sa ville, déroule le mouvement implacable de ces décennies de changements politique et économique et rappelle qu'il existait encore dans les années 80 un théâtre politique, des femmes aux cheveux roux défaits et des puisatiers qui allaient chercher l'eau à la pioche, à plus de 25 m de profondeur. Pour oublier le resserrement des libertés individuelles, certains se sont lancés, comme Cem dans les affaires. Architecte cultivé, il profite de sa nouvelle aisance financière pour visiter les musées lors de ses voyages et s'intéresse de manière obsessionnelle aux représentations picturales d'Oedipe, essayant vainement de trouver un sens à son histoire personnelle. On peut se demander comme Cem pourquoi, malgré les progrès de nos civilisations, il nous faut encore aller interroger les mythes fondateurs pour comprendre nos actes les plus déroutants. 

 

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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