Silvia Avallone poursuit sa grande fresque sur l'Italie des années Berlusconi. Bologne et sa périphérie forment le décor de ce troisième roman. Adèle vient d'avoir dix-huit ans, elle vit dans la cité des Lombriconi, elle part accoucher seule, le père de son enfant est un petit voyou de la cité. Ce qu'elle sait des adultes qui l'entourent ne l'engage pas à imaginer un avenir radieux pour l'enfant à naître. Et elle n'arrive pas à décider si elle doit ou non le garder ou accoucher sous x. Autour d'Adèle gravitent d'autres personnages, des jeunes qui quels que soient les chemins empruntés, tentent de s'arracher à des parents abîmés par la vie. Silvia Avallone explore cet état si particulier, mêlé de peur et d'émerveillement qu'est la maternité mais revient toujours sur la ligne de démarcation sociale. Les violences faites aux femmes, la férocité de certaines « ce magma de sentiments viscéraux qui nous animent et nous échappent », les épouses humiliées, les compétitions entre femmes et un rapport aux hommes profondément marqué par l'acceptation de la domination. Elle interroge les lieux où l'on grandit, le déterminisme social, l'accès à la culture comme moyen d'émancipation. Les héroïnes de Silvia Avallone n'acceptent pas leur passé sur lequel ont pesées les fautes des autres, elles sont en guerre, elles ont la force de se mesurer à ce qui fait mal. Silvia Avallone est une des grandes voix du néo-réalisme italien actuel.