"L'amour après" Marceline Loridan-Ivens - éd Grasset

Comment aimer, s'abandonner, désirer, quand on a été déporté à quinze ans ? Comment regarder son corps quand il a été mis à nu sous l'autorité d'un capo ? Comment se construire au retour des camps ? Marceline Loridan-Ivens est une personnalité hors du commun, débordante de vie, d'énergie, elle fut pour les hommes qui la croisèrent une étoile filante, indomptable. Mais qu'en est-il réellement au delà des apparences ? Marceline Loridan-Ivens juxtapose le passé et le présent, elle invite d'anciens compagnons de vie à se joindre à son récit afin que ne figure pas seulement sa version de ce qui fut. « Je suis une fille de Birkenau et vous ne m'aurez pas ». Elle n'a pas échappé à la mort pour vivre à demi. Le temps perdu, elle veut en saisir chaque seconde, étudier, lire, se jeter dans les bras des hommes, les aimer, les laisser quand ils deviennent trop pesants. Elle n'est pas revenu pour que l'on décide pour elle. Cette liberté retrouvée, elle veut en jouir pleinement et sans conditions.

 

C'est ainsi que se percutent parfois, ces deux femmes : la jeune fille espiègle qui enquête dans le documentaire de Jean Rouche et Edgar Morin en août 1960 et demande aux passants « Etes-vous heureux ? »  et celle qui a vu et qui porte sur son corps les stigmates des camps. L'une abrite l'autre et explique ce qu'est l'autre. Une hydre à deux têtes. Marceline Loridan-Ivens a aujourd'hui 89 ans, elle perd la vue mais décide d'ouvrir « sa valise d'amours », celle qui abrite les correspondances où elle pioche des correspondances qui évoquent ses rencontres : Georges Perec, Edgar Morin, Francis Loridan, Joris Ivens. Les lettres qu'elle pose sur la vitre de son scanner, pour en grossir les caractères, ne la rendent pas mélancolique. Cette femme explose de vie et invite encore à danser de très jeunes hommes, elle en choisit un au hasard, dans une boîte de nuit de Jérusalem, et lui lègue son matricule 78750. Elle n'a pas de descendant, elle n'en n'a pas voulu mais cette mémoire doit se transmettre et elle la confie à un inconnu. A lire : « Et tu n'es pas revenu ».

 

 

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

 leconvoi

Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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