"Le garçon qui voulait dormir" - Aharon Appelfeld – Point Seuil

Erwin veut qu'on le laisse dormir, mais ce n'est pas une manière de fuir la réa­lité. Ce jeune rescapé des camps trouve dans cet état intermédiaire un moyen de dialoguer avec ses parents disparus, d'attendre une vie nouvelle. En Palestine, où il est recueilli, il doit renoncer à sa langue maternelle pour apprendre l'hébreu et participer à la construction du pays. Mais comment accepter cette nouvelle perte ?

 

Hantée par la Shoah et par l'exil, Aharon Appelfeld ne cesse de faire revivre les heures les plus ténébreuses de l'histoire du XXe siècle. Né en 1932 en Bucovine, le jeune Aharon fut déporté dans un camp de concentration roumain dont il s'évada à l'âge de 13 ans avant d'être recueilli par l'Armée rouge, de traverser l'Europe avec un convoi d'orphelins et de débarquer en Palestine. C'est cette période de sa vie qu'évoque Appelfeld dans "Le garçon qui voulait dormir". Erwin, son jeune narrateur, a 17 ans. Il vient d'arriver en camion dans un camp de réfugiés, près de Naples. Encore traumatisé par ce qu'il a enduré, il s'accroche au sommeil, en espérant pouvoir oublier ses souffrances et la mort de ses parents. Et malgré son extrême fragilité, il suit un entraînement physique intense sous les ordres d'Efraïm, un émissaire de l'Agence juive grâce auquel il s'initie aussi à l'hébreu, avant de monter sur un bateau et de se retrouver dans une ferme, au coeur des montagnes de Judée.

"Parler hébreu était une obligation et, ainsi, nous serions en mesure de faire le lien entre la langue et la terre". Ce livre raconte sa très périlleuse adaptation dans un monde inconnu où il devra apprendre à s'enraciner, tout en lisant très intensément la Bible et en rêvant de devenir écrivain, comme son père, afin de "le ramener à la vie et de lui rendre la parole". Avec ce récit autobiographique, Appelfeld - Prix Médicis étranger en 2004 - signe une parabole magnifique sur l'exil, sur les tourments d'une enfance sacrifiée et sur les pouvoirs rédempteurs de la langue, lorsqu'elle devient le miraculeux instrument d'une renaissance.

Une fois encore la pudeur, le talent et la grâce de cet auteur, placent ce récit au Panthéon des oeuvres publiées ces dernières années.

 

Prochainement

 

Jeudi 25 avril 

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Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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