"La vie très privée de Mr Sim" - J. Coe - Folio Gallimard

Sa femme l'a quitté, il n'a pas d'amis : déprimé, accablé de solitude, Maxwell Sim en vient à accepter une proposition professionnelle saugrenue : la promotion d'une brosse à dents écologique. Au volant d'une voiture hybride, le voici qui file sur les routes d'Angleterre, et ce voyage de plus en plus aléatoire devient prétexte à revisiter son passé, soutenu par la voix angélique de son GPS, dont il tombe amoureux. Divinement caustique, ce roman de Jonathan Coe est l'odyssée d'un perdant, désespérément drôle jusqu'à la dernière page, où l'auteur se révèle un subtil manipulateur. Tout est magistralement orchestré pour nous faire saisir la complexité des choses simples, et l'étrangeté au coeur de l'ordinaire. La personnalité de Mr Sim, bien plus riche qu'il n'y paraît de prime abord, devient de plus en plus dense au fur et à mesure de notre voyage en compagnie de cet homme ordinaire, exerçant un métier ordinaire, dans une ville ordinaire. Surprenant, comme l'est le dernier chapitre de ce roman. Ce roman est le plus drôle et le plus désespéré de l'écrivain anglais Jonathan Coe. C'est une vaste réflexion sur l'imposture, les mensonges que l'on raconte et dont on se nourrit soi-même. Pour illustrer ce propos, l'histoire foisonne d'autres personnages qui tissent leurs illusions, que ce soient à des fins personnelles ou économiques. Le récit convoque l'histoire vraie de Donald Crowshurt, homme d'affaire passionné par la voile et qui s'engagea dans une course en solitaire à la fin des années soixante. Très vite, il dû renoncer, mais préféra mentir au monde entier, en laissant entendre qu'il était toujours dans la course. Fou de solitude et confronté à ce gigantesque mensonge, il ne survécu pas à son imposture. Maxwell Sim tourne autour de l'histoire de cet aventurier, il en devient l'incarnation des années 2010. Prostré chez lui entre deux assauts dépressifs, il égrène ce qui ne va pas dans sa vie, ses douloureuses relations avec son père, l'indifférence moqueuse de son ex-épouse, ses pâles ambitions professionnelles... Le ton est résolument sarcastique et très original. Il permet de décrire les ressorts d'une défaite personnelle très emblématique de notre époque.

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Jeudi 25 avril 

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Rencontre avec Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse.Treize ans après, elle entre en contact avec l'équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie et l'Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Nourri de réflexions sur l'acte de témoigner et la valeur des traces, "Le convoi" offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

Lieu : 19h, Bibliothèque Benoîte Groult. Réservation conseillée

 

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