
Une femme se retrouve six jours durant à errer avec le cadavre de son amant. Ils se connaissaient depuis longtemps, l'entente était parfaite. Ils avaient l'habitude de se retrouver dans un petit chalet isolé prêté par un ami. M. bon nageur aimait plonger le matin dans le lac près du chalet, mais un matin de printemps il n'est plus ressorti de l'eau. Entre sidération et chagrin, la narratrice cherche à donner un sens à cette mort subite inaccceptable, elle ne se résoud pas à prévenir la femme de M ou l'ami qui leur prête le chalet. Alors elle part seule avec le corps de son amant sur la banquette arrière. On oscille entre tragédie absolue et absurdité de la situation mais c'est surtout un chant d’amour lumineux et désespéré adressé à celui qu'elle a aimé. La situation est évidemment peu réaliste, mais Adeline Dieudonné aime à l’évidence ces situations impossibles, et on se demande jusqu’où tout ça va nous mener. On est happé par la folie de cette femme, on rit de ses déboires avec ce cadavre qui peut se révéler encombrant. L''écriture très spontanée et presque légère, d'Adeline Dieudonné, retire à ce roman l'aspect glauque et morbide du drame qu’elle nous décrit.
Alice Dieudonné s’était révélée avec un premier roman épatant qui reçu un immense succès, "La Vraie Vie", un conte cruel, entre candeur enfantine et violence d'un père maltraitant. Elle avait ensuite confirmé avec Kérozène, une sorte de western déjanté, autour d’une station-service des Ardennes. Et toujours cette tonalité surréaliste acide et cette envie de chercher la lumière, là ou normalement, elle est introuvable.