Comment construire sa vie, écrire une narration quand les liens avec les siens ont été rompus et que l'histoire a été effacée ? Celle de Consolée débute en 1954 dans un petit village au Rwanda. De père belge et de mère rwandaise, elle passe les premières années de sa vie auprès de cette dernière, jusqu'à ce que les autorités coloniales décident de placer les enfants métis dans des institutions. Ces enfants seront éduqués à l'occidental et rejoindront quelques années plus tard le continent européen, rompant à tout jamais avec leur pays natal, leur famille et leur histoire. Ce récit cruel en rappelle d'autres qui émergent maintenant grâce au travail minutieux des historiens, des descendants et des écrivains. Quand le personnage de Consolée apparaît dans le roman, cela fait très longtemps qu'il porte un tout autre prénom, Astrida. Une jeune fille adoptée par une famille bruxelloise, sans passé, sans langue maternelle, sans souvenirs et qui devra construire sa vie avec cette nouvelle identité. Astrida n'est plus une jeune fille quand débute ce récit, la langue dans laquelle elle s'exprime désormais n'est plus celle de son pays d'adoption, elle l'a oubliée. Ce qui rejaillit en elle, justement, c'est ce passé enfoui dans les ruines de sa mémoire et qu'une autre femme va aller quérir, s'interrogeant elle même sur ce qui la constitue. Un roman ambitieux, extrêmement émouvant et lucide sur les conséquences du déracinement et de l'absence de transmission. Ces questions s'invitent également dans le récit à propos des Françaises et Français de seconde et troisième générations.