Les héros de ce roman, Franck et Louise, sont des êtres timides et silencieux, qui observent la vie à la terrasse des cafés, lui à Paris, elle à Clermont Ferrand. Ils sont venus se perdre en ville pour tenter une autre vie. Lui est parti loin de la ferme familiale, est devenu photographe et a beaucoup voyagé ; elle quitta la même ferme quelques années plus tard à la mort de son mari, le frère de Franck. Ils ne se connaissent pas et pourtant leurs chemins se croiseront.
L'essentiel du roman, voir les trois quarts, retracent chapitre après chapitre et en alternance, les vies de Franck et Louise, seuls dans leur vie et dans leur ville.
Fâché depuis dix ans avec ses parents qui demeurent dans la ferme familiale
dans le Lot, Franck décide de prendre le train et d'aller leur rendre visite sans les prévenir. Ce voyage est une épreuve emmaillée d'autres épreuves : la difficulté de se décider à partir, de prendre le train avec ses vacanciers pressés et euphoriques, l'inquiétude de ne pas retrouver ses sensations de voyageur sur une ligne maintes fois empruntée, la peur de l'affrontement après tout ce silence, l'incompréhension devant la raideur de ses parents à son égard... C'est aussi un questionnement autour des origines, le sens des liens qui se distendent et le goût refoulé pour le pays.
Louise vit seule à Clermont Ferrant depuis le décès de son mari. Elle survit à travers des emplois précaires et mène une existence sans fantaisie, et a confié son fils à ses beaux-parents, auxquels elle rend visite plusieurs fois par an.
Au-delà de la rencontre que l'on suppose, mais qui tarde à se manifester c'est la manière de raconter ces deux êtres au masculin et au féminin, leur solitude, leur peur, leur résignation, qui saisit et donne toute l'émotion au roman.