Ce roman relate l'édification d'un pont, gigantesque, quelque part dans une Californie imaginaire. Grande aventure humaine, sa construction est soumise au diktat des intérêts politiques locaux, et portée à bout de bras par une population d'ouvriers, venus des quatre coins du monde et des États- Unis. Maylis de Kerangal a écrit là une oeuvre puissante, ambitieuse et fort réussie.
Tout sépare les populations venues pour édifier ce pont. Elles vont pourtant se retrouver unies autour de ce projet commun, qui viendra désenclaver une région, et donnera du travail pendant un certain temps à tout ce monde.
Dans l'édification du pont, rien n'est laissé au hasard : le tonnage en béton, le métrage du fer, etc. Défi lancé à la nature, ainsi qu'à l'histoire de la région, cet ouvrage amènera à un réveil des consciences ainsi qu'à la naissance de tensions et de violences.
Porteur de foi, il s'apparente, au fur et à mesure de son avancement, à l'édification d'une oeuvre sacrée, qui pourrait se situer au moyen-âge, au temps des cathédrales. Tout prend une valeur symbolique et métaphorique, sans pour autant que cela mette de côté la réalité du travail humain.
Le récit, particulièrement original, est construit à la façon d'un projet architectural.