Adèle, c’est l’arrière-grand-mère de la narratrice qui en retrace la vie, à fois réelle et imaginée. Ces deux femmes ont le même attachement pour la maison familiale de St-Pair en Normandie voisine de la Manche, mer dont la présence lumineuse et capricieuse traverse le roman. Le récit est rythmé par les séjours des deux femmes dans ce lieu. Elles y vont en train, dans des voyages d’abord interminables dont la durée raccourcit au fur et à mesure que le temps passe. Adèle est née en 1870, elle est issue de la grande bourgeoisie dont le passé est toutefois entaché par une mère demi-mondaine. Adèle est une femme libre qui assume ses choix tels celui de son mari. Avec lui, elle vit un mariage heureux et s’adonne avec plaisir à la « chasse au crocodile », petit nom donné à leurs ébats intimes. La vie passe et apporte son lot de joies puis de malheurs, la mort prématurée de son mari, la guerre et la perte de deux enfants. Adèle est toujours là, on la voit grossie et alanguie sur les coussins de sa véranda normande, puis vieillie et amaigrie parcourir des kilomètres à pied. Composé à partir de faits réels et de l’imaginaire de la narratrice, ce beau portrait de femme est sensible et vivant. Pascaline S. / Club de lecture